L’agriculture biologique locale est un investissement pour l’avenir.

Chers partenaires, chers collègues,
J’aime bien démarrer les bilans de l’année par une météo agricole. 2022 a été plus précoce que 2021. Les cultures en ont profité avant de subir les coups de chaud, secs et violents de l’été. Ceci s’est traduit par de bons rendements pour les agriculteurs bio d’Ile de France et des récoltes globalement correctes : bonnes en céréales, les maraîchers ont eu un bon début de saison et une fin plus difficile, les arboriculteurs, dégâts de gel mis à part, ont eux aussi bénéficié d’une production de pommes correcte. En résumé la nature a plutôt dit OUI.
En face, c’est la consommation qui a moins dit oui. La baisse de la demande démarrée en 2021, s’est confirmée. L’inflation induite par la hausse des prix de l’énergie a conduit la grande distribution à baisser sa proposition de prix en mettant en avant le local plutôt que le bio. On peut ajouter la confusion semée entre les labels. Les consommateurs sont descendus en gamme dans leurs achats, au détriment du bio, réduisant les achats de bio sur tous les marchés.
Résultats : des pertes de stockage, des frigos pleins de produits à vendre qui tirent les prix à la baisse et nous obligent à programmer une réduction des mises en culture ; des cours du blé bio qui baissent du fait de la bonne récolte et des manques à gagner pour chacun et chacune d’entre nous.
En parallèle, l’image chère de la bio n’est pas corrigée malgré un différentiel qui s’atténue. On espérait et on espère d’Egalim et de son objectif de 20% de bio dans la restauration collective, mais pour l’instant l’effet d’appel sur le bio n’est pas à la hauteur des attentes.
Face à cela, la FNAB et les GAB se sont mobilisés pour faire évoluer dans le bon sens la réforme de la PAC avec un succès mitigé (reconnaissance différentielle bio/hve, à 30 euros), c’est peu et largement insuffisant pour rémunérer les services environnementaux de l’agriculture biologique.
Le Ministère a engagé mi-mars son Fonds Urgence Bio fléché vers les fermes les plus en difficultés. Nous avons travaillé avec la Région et la Driaaf pour imaginer une aide aux producteurs suite à la perte de l’aide au maintien. L’ouverture d’une MAEC aux BIO, par la DRIAAF, est un premier levier activé au bénéfice des fermes situées sur les zones à enjeux eau qui répondent au cahier des charges. La Région a profité de notre AG pour annoncer ses ambitions en faveur de la BIO.
Le GAB IdF a investi sur l’accompagnement des producteurs, technique et filières, sur la recherche de nouveaux circuits commerciaux, sur la démocratisation du bio local pour tous les publics, sur la restauration collective et sur la communication grand public. Les effets de ces investissements ne sont pas forcément visibles à court terme, mais ils vont finir par accompagner le retournement de la demande, c’est notre conviction.
Nous avons beaucoup à gagner à expliquer aux consommateurs l’intérêt de notre modèle (contrôlé, créateur d’emplois, bon pour la santé, résilient et durable) et à convaincre de la valeur des bénéfices environnementaux rendus par nos pratiques (protection de l’eau, de l’air et du sol, de la biodiversité, du climat). Si tel était le cas, le bio ne serait plus considéré plus cher.
Nous croyons en notre modèle parce qu’il a du sens. Ce cap conjoncturel est aussi un défi générateur d’opportunités à provoquer et à saisir. C’est vrai pour nos pratiques qui évoluent sans cesse - les avancées techniques sur la réduction du travail du sol, les couverts d’intercultures et les cultures associées par exemple vont nous permettre de gagner en productivité ; la diversification est aussi une clé de résilience pour nos fermes… – et les opportunités se trouvent aussi dans les voies de commercialisation de nos produits.
Les équipes du GAB IdF se mobilisent dans ces deux dimensions, du champ à l’assiette, pour favoriser les rencontres entre notre offre, riche et diversifiée, et les consommateurs de la région.
L’agriculture biologique locale est un investissement pour l’avenir.